La Culture pour Tous

Il est indéniable que le mandat qui s’achève a vu des réalisations importantes dans ce domaine comme la construction du lieu identitaire de la Comédie ou le lancement de « Mille Formes », que nos élus ont soutenus. Mais les menaces planent sur les conquêtes que les acteurs de la vie culturelle et artistique de notre ville ont pu obtenir. A quelques exceptions près les subventions aux associations baissent ou stagnent (ce qui revient à une baisse avec l’inflation), cela associé au plan de licenciement des emplois aidés fragilise de nombreuses structures. Alors qu’ils ne devraient être que des aides en formation, souvent les services civiques pallient à l’impossibilité de créer des emplois pourtant nécessaires. Les accommodements divers avec le néo-libéralisme comme le vocabulaire insidieux qui s’installe à base de compétition, d’attractivité, de communication indique une mauvaise direction contraire à la démocratisation de la culture que nous défendons. Est-il normal que nombre d’association soient obligées de se tourner vers des entreprises privées qui non contentes de se payer une communication à peu de frais (elles bénéficient d’une exonération de 60% sur la somme investie) peuvent souvent avoir des exigences importantes en termes de contreparties. Comment ne pas voir dans les politiques de promotion systématique du mécénat l’acceptation forcée des politiques d’austérité et une fragilisation de l’autonomie des structures culturelles qui pourrait se révéler redoutable dans les prochaines années ?

Bien évidemment les réalités économiques ne sont pas simples et rien ne se réglera d’un claquement de doigts mais quand on nous rabâche qu’il n’y a plus d’argent public et qu’il faut aller le chercher ailleurs, nous répondons qu’il y a des choix et des priorités à faire. 

L’égalité devant l’accès à la culture, moyen d’émancipation et d’ouverture au monde doit être une priorité d’une collectivité. C’est pourquoi, par exemple, nous posons la question de la pertinence des grands travaux inutiles (grand stade) ou des opérations de prestige hors sol.

C’est pourquoi nous contestons les arbitrages qui ont été faits en matière culturelle. Pendant que quelques opérations liées à Effervescences et à la candidature de Clermont-Fd comme capitale européenne de la culture ont polarisé la vie culturelle locale, ce sont de nombreuses saisons et festivals culturels municipaux qui ont vu leur budget être réduit de 15 % à 30 %. Le Conte en Fête, Back Ground, les Anatolies… des évènements culturels majeurs dans les quartiers Nord et Sud de Clermont-Fd ne sont plus aujourd’hui que l’ombre d’eux-mêmes, malgré un succès populaire mêlant associations, habitant.es, acteurs culturels locaux. De même, Graines de Spectacles, malgré son travail reconnu de diffusion de spectacles vivants de grande qualité auprès des scolaires, ou les Contre-Plongées qui animent la vie culturelle pendant l’été, toutes ont vu leur budget clairement diminuer.

La politique culturelle d’Olivier Bianchi a donc schématiquement consisté à mettre la priorité sur les grands évènements prestigieux au détriment du travail de terrain et de l’accessibilité de toutes et tous à la culture. Un renoncement à l’ambition de démocratisation culturelle, à peine compensée par le programme Demos. Un renoncement qui a été amplifié par une réforme bâclée de l’ancienne Direction de l’Animation de la Jeunesse et des Loisirs qui a fragilisé les équipes d’animation, et leur capacité à faire vivre la culture dans tous les quartiers de la ville.

Que l’on se réclame de « l’élitisme pour tous » cher à Jean Vilar et Antoine Vitez, ou des diverses cultures populaires qui irriguent notre Ville, avec la liste « Clermont-Ferrand en Commun » conduite par Marianne Maximi, nous voulons sensibiliser et mobiliser toutes celles et ceux qui veulent rester vigilant-e-s vis à vis de politiques qui sapent de toute part le monde de la culture et aider les structures qui œuvrent pour le développement de la culture pour tous.

Nous voulons la culture pour tous mais bien évidemment il ne suffit pas de répéter en boucle ce genre de slogan pour qu’il se réalise. Aussi la médiation en direction des scolaires, des quartiers, des publics empêchés… est fondamentale dans ce processus. De nombreuses associations se sont déjà engagées dans cette démarche souvent de façon discrète et parfois avec l’ignorance voire le mépris de responsables publics. Aussi nous souhaitons renforcer le soutien aux structures qui font ce travail.

Il ne s’agit pas de faire ici l’inventaire de la riche vie culturelle clermontoise mais de donner quelques éléments de notre vision d’une politique culturelle et quelques principes qui sous-tendent notre action.

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